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XXVI


C’est aujourd’hui qu’a lieu l’inauguration du monument élevé à mon père. D’abord, j’avais résolu de ne point assister à cette cérémonie ; inutile de vous donner mes raisons. Mais mon absence aurait été remarquée, commentée ; et du moment que je suis rentré dans l’armée…

Je me suis donc rendu à Nourhas ; j’y suis arrivé hier soir. Un gros village, déjà pavoisé, enguirlandé de chapelets de lampions ; masures piteuses, vieilles, sales ; demi-chaumières dont l’agglomération hasardeuse fut récemment bastionnée d’énormes bâtiments industriels, construits de brique. Au centre, une grande place où se tient le marché, au milieu de laquelle s’élève la statue que des toiles verdâtres cachent aux regards ; une église cagneuse grimace dans un coin ; une fontaine larmoie dans un autre. Le pavé est horrible, rhumatismal ; et des auberges, des caboulots, sur les quatre faces étalent leurs enseignes : « Au Héros de Nourhas. — Au Glorieux Vaincu. — À la Belle Vue du Héros. »

J’étais arrivé hier soir et je m’étais logé dans une sorte d’hôtel, au bout du village, près de la gare. J’avais donné l’ordre qu’on me réveillât de bonne heure.

Et ce matin, avant six heures, je sors et je gagne la campagne. Je m’efforce de retrouver les endroits dont