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venue à Londres retrouver Fermaille, qui exerce avec succès son métier de ciseleur dans la capitale britannique ; elle n’aime pas beaucoup l’Angleterre, mais le devoir avant tout. Elle est si heureuse de me rencontrer ! Et Fermaille aussi sera si content !… Comment ? Elle s’explique. Fermaille a reconstitué les 20.000 francs que je lui ai donnés à Bône, et avait déjà cherché à se procurer mon adresse, afin de me les renvoyer. Si je voulais venir, demain, chez eux, il me remettrait la somme en mains propres. Mais, certainement…

Je viens. Fermaille, avec des remerciements infinis, m’offre de me rendre les 20.000 francs immédiatement. J’accepte. Comme j’empoche la somme, il me demande si je crois qu’il pourra un jour rentrer en France. Je lui réponds que je prendrai des informations et l’aviserai. La Môme-Chichi, tout émue d’une pareille condescendance, m’admire. Moralement, elle s’agenouille devant moi. Relève-toi, créature de Dieu !…

Ne croyez pas que je vais m’emballer ; j’ai simplement l’intention de vous faire comprendre que la Môme-Chichi ne m’en veut pas plus que son amant, et que pour ma part je ne lui garde pas rancune. Notre réconciliation, du reste, est scellée chez moi, le soir même. L’apposition des scellés (ou des sceaux) ne dure guère qu’une petite heure. Mais il est entendu qu’après-demain matin, j’enlève la Môme-Chichi. Je l’emmène en France avec moi.

Cependant, après le départ de ladite Môme-Chichi (et voici un passage que je conseille aux femmes de méditer), je réfléchis. Je perçois clairement que la France est pleine de Mômes-Chichi ; en vérité, il n’y a guère que de ça, en France, des bêtes de somme en puissance de maris et de la paillasse à curés ; alors, à quoi bon réimporter l’objet ?

Je me décide donc à partir, non le surlendemain matin, mais le lendemain matin — tout seul.