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gardes-chiourmes, pleins d’estime et d’admiration pour les laquais de leurs gardes-chiourmes, pour leurs valets d’épée et de plume. Toute une immonde racaille bourgeoise, grimauds, cabotins, et rapins — tourbe d’assassins et d’empoisonneurs que je voue à la mort — vit, prospère et multiplie sur l’argent donné par les pauvres, avec plaisir. Les pauvres se repaissent des ordures bourgeoises, s’en gavent. Et quant aux hommes qui leur parlent de liberté et d’égalité, quant aux hommes qui leur consacrent leurs forces, leur talent, leur vie — les pauvres n’en ont cure ; je suis sûr qu’ils les haïssent. La colère me saisit, quand je pense à ça ; et je souhaite une nouvelle Commune — pour la répression.

J’aurais voulu crier aux Pauvres français : « On vous dit que votre pays s’est relevé de sa défaite de 1870. C’est un mensonge. On vous dit que vous êtes un peuple libre. Vous êtes des vaincus. On se rit de vous, partout, et on vous nargue. Situation honteuse, qu’ont seulement intérêt à prolonger ceux qui tiennent à conserver leur argent, leurs grades, — et leur peau. — Situation honteuse dont vous payez tous les frais et dont vous avez intérêt à sortir au plus vite. L’acceptation nette des faits accomplis, le désarmement complet, ne sont pas possibles. Vous, et vos voisins, vous êtes trop bêtes. Vous serez trop bêtes jusqu’à ce que les boulets de canon vous aient ouvert l’intellect. L’acceptation sournoise des faits accomplis, et le désarmement partiel ? Ce n’est pas une solution ; pourtant, le premier point a été réalisé par l’alliance russe, qui a ratifié le traité de Francfort. Quant au désarmement partiel et simultané des grandes puissances, on commence à vous l’offrir ; on vous le proposera, de plus en plus ouvertement, car on tient à ne point laisser trop longtemps entre vos mains des armes dont vous pourriez faire un mauvais usage. Économiquement, ce désarmement partiel ne changerait rien, tout compte fait, à votre situation. Poli-