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XXV


Depuis un an environ je vis en Angleterre, principalement à Londres, m’efforçant de donner une forme précise, exacte, à des idées qui vibrent en moi, complètes et puissantes, mais qu’estropient et défigurent toutes les tentatives d’expression. À l’homme qui n’a jamais rien fait, tout travail est excessivement malaisé, presque impossible. Des difficultés plus grandes encore se dressent devant l’homme qui fait effort vers l’Action réelle, mais dont une longue habitude a tronqué les facultés et l’énergie, les ajustant aux courtes exigences du simulacre d’action. Voici une mine : les aptitudes. Quelque minerai en est arraché, à un pied ou deux de la surface ; transformé, par des procédés grossiers et faciles, en une mauvaise fonte ; mais il s’agit d’aller chercher au cœur même de la mine, par le travail persistant et dur qu’exige la perforation des puits et des galeries, la matière supérieure qu’un labeur ardu, compliqué, changera en un pur métal. On essaye, on peine, on trime. On se lasse, on se décourage, on renonce. Pourtant, agir ! agir… Et c’est toujours le même genre d’action qui se présente comme seul praticable, celui dont j’ai si longtemps fait le geste vain : l’épée au poing ; l’arme…

Est-il possible, donc, qu’un homme porte en soi quelque