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Lahaye-Marmenteau n’aura pas rendu public, sera exposé par moi-même… Toute lutte est devenue impossible.

Cette fois, je prends rapidement mon parti. J’envoie ma démission au ministère. Elle est immédiatement acceptée. J’ai réglé, d’avance, mes affaires ; et le soir même je pars pour Paris.



Ne vous imaginez pas que j’aie l’intention d’aller chercher querelle au général de Lahaye-Marmenteau. Le général et ses pareils sont des gens trop difficiles à attaquer. Si vous leur aplatissez le nez d’un coup de poing, ils vous font mettre en prison ; si vous écrivez la vérité sur leur compte, le public français, fier de ses incomparables Capitulards, refuse de vous lire. Et puis, il ne faut pas empiéter sur les prérogatives des Prussiens. Je ne me suis rendu à Paris qu’afin de me mettre en route pour Marseille ; et je ne vais à Marseille qu’afin de m’embarquer pour Bône.

Je m’embarque ; et le bateau, n’appartenant point à la marine militaire, arrive à bon port. À Bône, une statue de M. Thiers, d’abord, excite mon étonnement ; je ne puis arriver à comprendre pourquoi les Algériens ont jugé nécessaire d’élever ce monument à la mémoire du sanguinaire Foutriquet qui libéra le territoire à grands coups de milliards. Ensuite, je prends discrètement des informations ; je m’enquiers de l’atelier de Travaux publics, qu’on m’indique immédiatement (vous voyez comme j’ai de la chance) ; je m’enquiers aussi d’un nommé Fermaille, condamne à vingt ans… Et justement un garçon d’hôtel, dont le beau frère est chaouch aux Travaux, peut me donner tous les renseignements désirables. Le nommé Fermaille fait partie d’un détachement qui vient d’être envoyé à Macheda, pour réparer une route.