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— Comment je me suis tiré de là ? complète Bellevigne en souriant amèrement. Vous pouvez le deviner. Lahaye-Marmenteau me tenait en son pouvoir. Comment me défendre ? Vous comprenez à quelle condition il a promis de détruire les lettres….. Du reste, continue-t-il, j’ai sans doute tort d’accuser le général ; il était visiblement de bonne foi. Une idée m’était venue, il est vrai….. mais est-elle juste ? Il ne faut pas porter de jugements téméraires. Je suis victime d’une horrible machination, mais je ne puis accuser personne. Je dois être, jusqu’au bout, fidèle à mes principes….. Dieu saura trouver les coupables, et les punir. Malgré tout, il m’impose une bien rude épreuve… Ah, j’avais toujours pensé que mes relations condamnables avec Mme d’Artoulle auraient leur châtiment !…..

Bellevigne s’est retiré depuis longtemps que je suis encore sous le coup des révélations qu’il m’a faites. Y a-t-il quelque moyen de ruiner l’odieuse intrigue dont je crois distinguer, à présent, tous les fils et tous les acteurs ? Je n’en vois aucun. Peut-être demain trouverai-je quelque chose.

Mais, dans les journaux du matin que je puis lire debout, enfin, je trouve un écho ainsi conçu : « Hier, grande soirée chez M. Pilastre, le sympathique industriel, commandant de la territoriale, officier de la Légion d’honneur, à l’occasion des fiançailles de Mlle Pilastre avec le capitaine comte de Bellevigne. Remarqué : le général Schnock, la comtesse d’Heumartel, M. et Mme Courbassol, l’académicien Jacques Lemaître, la baronne de Haulka, le général de Lahaye-Marmenteau….. » Ces deux derniers noms, accouplés, me font voir tout à coup une chose que j’avais à peine entrevue jusqu’ici. Je croyais tenir tous les fils de l’intrigue, et pourtant… À présent, je comprends que c’est la baronne, craignant une expulsion, qui a mis à profit une indiscrétion que j’ai commise pour