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dames dans cette foule ; des dames qui luttent avec les reporters pour avoir quelques instants d’entretien avec le héros de Nourhas, qui sourient de toutes leurs dents, et qui ont apporté des fleurs.

— Je ne sais pas ce que les femmes ont à me courir après comme ça, me dit mon père en s’installant dans son coupé ; elles grillent toutes de se vautrer sur ma vieille peau ; on dirait qu’elles me prennent pour un wagon-lit.

Le train part au milieu de démonstrations enthousiastes. « Il reviendra, dit la foule en se dispersant ; il reviendra… » (Quand le clairon sonnera, taratata). Le lendemain un rédacteur d’un journal bien-pensant déclare que « malgré de bas calculs, préparés avec un acharnement maladif », il a pu interviewer le héros de Nourhas. « Tandis que le général Maubart parle, écrit-il, j’écoute la musique de sa voix métallique, je regarde ses yeux dans lesquels perce la tendresse, et je vois briller sur son front la petite étoile mystérieuse qui illumine les élus de Dieu… « Au revoir ! » me dit-il d’une voix qui descend jusqu’à mon cœur. Que tous ceux qui me lisent se partagent le salut suprême du glorieux soldat aux bons Français, et qu’ils devinent l’émotion profonde que j’ai ressentie et les larmes délicieuses que j’ai pleurées ! »



Comme je demandais un jour au capitaine de Bellevigne, peu de temps après mon entrée au ministère, quelle était l’utilité d’une section de mobilisation dans les bureaux de l’État-Major, il me répondit qu’il n’en savait rien.

— Je pense, dis-je, qu’elle est destinée beaucoup plus à rassurer les Français qu’à inquiéter les peuples étrangers.

— Ce n’est pas très sûr, répondit Bellevigne ; les Fran-