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XX


Mon père assure qu’il est heureux de quitter Paris. Le ministère, dit-il, commence à puer le cléricalisme à plein nez ; à vrai dire, c’est une jésuitière. Mon père ne peut pas se résoudre, selon son expression, à donner dans la calotte. Il a essayé, mais il n’a pas pu. Il a simplement réussi à devenir anti-sémite ; et encore, voici pour quelle raison : il y a tant de faux Juifs parmi les Chrétiens qu’on n’a pas besoin des vrais Juifs.

Mon père est tellement vif, alerte, jovial et frétillant qu’on ne lui donnerait guère plus de cinquante-cinq ans ; le fait est qu’il a été récemment atteint par la limite d’âge, et qu’il n’a été maintenu au cadre d’activité qu’en raison du commandement qu’il a exercé. Tel est le cas de plusieurs autres généraux, le général de Lahaye-Marmenteau par exemple. Mais bien que l’âge n’ait eu aucune influence sur la gaîté de mon père, il est certain que sa bonne humeur a pu être affectée, de temps en temps, par des événements fâcheux. C’est justement ce qui vient d’arriver. La baronne de Haulka, à laquelle l’attachaient les liens d’une amitié déjà longue, a décidé de rompre toutes relations avec lui. Pourquoi ? À en croire mon père, parce qu’il a demandé un Corps d’armée sans prendre l’avis de la baronne ; et parce que la baronne est