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Très vrai. Et que des impôts et des amendes soient prélevés dont aucun compte n’est tenu ? Très vrai. Que certains officiers fassent égorger la population de villes entières, égorgements qu’ils travestissent en glorieuses batailles, afin d’escroquer honneurs et avancements ? Très vrai. Et que d’autres officiers commettent des faux et usurpent des fonctions judiciaires afin de dépouiller de riches indigènes ? Très vrai. Et que le général commandant le corps d’occupation ait commis des actes qui, au jugement des tribunaux, tombent sous le mépris public ? Encore vrai.

— Voilà les odieuses conséquences de la guerre ! s’écrie M. Curmont.

— Ou plutôt, dis-je, les conséquences de l’existence actuelle. Si les bandits qui commettent ces infamies n’étaient pas sûrs de recevoir, comme salaires de leurs crimes, des récompenses de toutes sortes, ils ne les commettraient point. Leurs actes déshonorent non seulement eux-mêmes, mais l’armée à laquelle ils appartiennent, mais leur nation, mais leur époque. Croyez-moi, tout se tient dans l’ignoble système d’aujourd’hui ; et c’est seulement sous les boulets que croulera ce système.

M. Curmont se retire, un sourire énigmatique sur les lèvres. Je ne l’ai sûrement pas convaincu, mais je ne désirais pas le convaincre ; je ne désire convaincre personne. Du reste, j’espère ne jamais le revoir. Il m’embête, cet homme de paix.



Cet homme de paix est une infernale canaille. Vous ne devineriez jamais ce qui vient de m’arriver. J’ai reçu ce matin un numéro du journal la Nation Française, dont le directeur est Camille Dreikralle. En tête se trouve un article, que quelqu’un a marqué d’une croix rouge, et qui