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ses excès mêmes qui la feront disparaître. Je ne crois nullement à l’influence des Sociétés pacifiques. Les gens qui en font partie me donnent l’idée d’officiers de santé pour volcans. Je serais assez disposé à les taxer d’hypocrisie ; si la guerre était supprimée d’après leurs formules, l’instinct combatif disparaîtrait et l’exploitation des pauvres deviendrait plus facile encore qu’elle ne l’est. Une ligne d’omnibus tout entière résume mon opinion : Passy-Bourse. Quant à l’arbitrage, il a simplement pour but, à mon avis, de renforcer le principe abject de Justice indirecte, de requinquer le trône pourri de l’Équité actuelle, de faire une idole de la Chose jugée. D’ailleurs, l’arbitrage existe ; c’est la mission même de la Diplomatie ; si la diplomatie est tombée partout, particulièrement en France, aux mains de vermineuses nullités, ce n’est pas ma faute. Non, je n’ai aucune sympathie pour les bonzes qui prêchent la paix éternelle du haut de leur compétence à barbe. La paix monotone qu’ils rêvent dans la platitude résignée qu’ils aiment, ne sera jamais possible ; la lutte est nécessaire à l’espèce humaine ; le conflit existera toujours d’une façon latente, sinon patente, entre deux êtres. Que dis-je ? S’il ne restait qu’un seul homme sur la terre, un homme qui aurait réussi à détruire tous ses semblables, cet homme serait en état de guerre ; car il faut être au moins deux pour signer un traité de paix. La guerre donne une très mauvaise direction à l’instinct combatif, je l’admets ; mais cet instinct combatif est excellent, indispensable à l’humanité ; c’est le palladium de ses libertés ; il ne s’agit donc pas de le supprimer, mais de l’employer à d’efficaces besognes. Et c’est la guerre, qui l’a faussé et assombri, qui le fera briller comme une généreuse étoile à la pointe de l’épée de la Révolution. Supprimer la guerre à présent ? À présent qu’elle devient la guerre civile ! qu’elle est devenue la guerre sociale ! À présent qu’elle est à la veille de se transformer, au bord