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XVIII


Le tambour bat, le clairon sonne. Qui reste en arrière ? Personne. C’est un peuple qui se défend. En avant !

C’est un peuple qui se défend. Un peuple riche, heureux, plein d’honneur et de patriotisme, épris de traditions grandioses, qui se sent tout à coup menacé dans la tranquille possession de ses biens et dans la sérénité de ses digestions par la malignité de l’Ennemi. Sus à l’Ennemi ! Sus à l’Ennemi !… Deux compagnies, l’une appartenant à mon bataillon, l’autre à un bataillon du 245e de ligne qui tient aussi garnison à Navesnes, reçoivent l’ordre de partir sur-le-champ.

Nous partons. Tenue de campagne, avec tous les accessoires, vivres pour plusieurs jours, cartouches au complet, la menace au coin de la bouche et la bravade au coin de l’œil. Le commandant Bacardier est à la tête de ma compagnie, le commandant Sappue est à la tête de la compagnie du 245e.

Les autorités civiles sont à la station pour assister à notre départ. Le nouveau sous-préfet, M. Issacar — titulaire de la sous-préfecture de Navesnes depuis quelque temps — a une conférence avec les deux commandants pendant que l’embarquement des hommes s’opère tant bien que mal, plutôt mal que bien. Puis, tout étant prêt,