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surprise des Anglais, lorsqu’ils apprendront dans quelques jours qu’ils sont sur le point de conquérir la Belgique ?

— Comment apprendront-ils une chose semblable ?

— Par la voie de la Presse française à laquelle sera communiqué le rapport que vous allez faire.

— Mais, dis-je, je me bornerai à déclarer dans ce rapport que l’agent Foutier a suivi une fausse piste, et que…

— Ne faites pas cela ! s’écrie M. Issacar. Ne faites pas cela, ou vous briserez votre avenir ; vous vous créerez des inimitiés qui ne pardonneront jamais. Je vous en préviens sérieusement. Je suis ici pour vous prévenir.

— Comment ! Vous ne m’auriez même pas vu si je n’étais entré dans ce café où je vous ai aperçu par hasard.

— J’y suis entré sur vos pas, dit Issacar ; je vous suis depuis votre arrivée à Bruxelles. Vous ne vous en êtes pas aperçu, mais c’est comme ça. Ce que vous deviez découvrir ici, je ne l’ignorais pas ; je n’ignorais pas que les renseignements donnés par Foutier au ministère étaient erronés ; je le savais d’autant mieux que, ces renseignements, c’est moi qui les lui avais fait tenir.

— Pas pour votre compte, je pense, car je ne crois pas que vous désiriez supplanter Foutier. Alors, à l’instigation de qui ?

— C’est assez difficile à dire. À l’instigation d’un homme qui en représente plusieurs autres, qui en représentent un autre. Mettez, si vous voulez, que le premier s’appelle Camille Dreikralle ; les seconds, Raubvogel, Triboulé, etc. ; et le troisième, de Trisonaye.

— Vraiment, dis-je, de plus en plus surpris, je ne comprends pas…

— Je ne puis vous en dire davantage, répond Issacar. Du reste, si vous avez besoin d’explications supplémentaires, je crois que monsieur votre père pourra vous les donner à Paris. Écoutez seulement le conseil que je vous