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Si je réfléchissais, je n’insisterais certainement pas. Mais je ne réfléchis point, ma vanité froissée me persuade de la nécessité d’explications, et je suis sur le point d’insister lorsque je reçois, un soir, la visite de l’abbé Lamargelle.



L’abbé, je ne tarde point à m’en rendre compte, est au courant de mes affaires et de mes préoccupations les plus intimes. En quelques phrases de tournure vague, mais dont le sens précis ne m’échappe pas, il fait le procès de mon indifférence aux promesses et aux offres de l’existence, il blâme le détachement d’amateur blasé avec lequel je semble considérer la vie. Il me laisse entendre que je devrais prendre plus d’intérêt aux choses et aux gens qui m’environnent, à moi-même, surtout à moi-même ; pourquoi négliger des bons vouloirs et des sympathies qui pourraient n’être pas inutiles et méritent sûrement d’être appréciés ? Pourquoi, par exemple, ne m’a-t-on pas vu depuis longtemps déjà au château du Valvert ? Le comte de Movéans, hier soir, regrettait mon absence…

Je m’excuse. Je promets une visite pour le lendemain. Au fait, pourquoi perdrai-je mon temps à poursuivre Mme Hardouin de mes récriminations ? Je laisserai entendre, au besoin, que c’est moi qui ai voulu la rupture. On lui découvrira des remplaçantes, à la notairesse…

Au Valvert, je trouve plusieurs personnes récemment arrivées de Paris, et qui me sont inconnues. L’abbé ne m’avait pas soufflé mot de leur présence, et je m’en étonne. Parmi elles, il y a une jeune nièce de la comtesse, Mlle Pilastre, et Mlle de Lahaye-Marmenteau, sœur du général et marraine de la jeune fille ; cette dame, qui, paraît-il, connaît beaucoup mon père, est charmante pour moi. En somme, la réception qui m’est faite est plus que