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ter sur son appui ; et j’ai vu aussi de quel poids pèsent les influences extérieures dans la vie d’un officier. Je suis arrivé à me convaincre qu’il était nécessaire, en tous cas, d’avoir une explication franche avec Adèle ; qu’il me fallait cesser de l’avoir pour ennemie, dussé-je pour cela consentir à en faire une alliée. Je me suis tracé tout un plan de conduite, assez habile je crois, suffisamment machiavélique, et dont j’étais certainement fort satisfait. Mais, une fois revenu du cimetière — et bien qu’un enterrement puisse, moins encore qu’un autre spectacle, me convaincre de la vanité des choses de ce monde — ma résolution m’a quitté. J’ai refusé de discuter davantage avec moi-même ; je me suis décidé à ne faire aucune démarche, aucune tentative, aucun effort. Par paresse d’esprit et surtout dégoût d’action physique, peut-être aussi par curiosité narquoise, je me suis abandonné au sort…

Trois semaines après la mort du général de Porchemart qui, sans m’en avoir prévenu, m’a légué une certaine somme, je suis affecté au régiment d’infanterie qui tient garnison à Malenvers. Je remplace un lieutenant qui a été disgracié pour avoir divulgué certaines malversations du colonel ; le colonel a été blâmé, avec tous les égards dus à son rang, et l’officier a été expédié en Corse.

Malenvers est une petite ville assez curieuse dont il faudra que je vous donne la description, si j’y pense, dans le chapitre suivant.