qu’on a fort exagérées, je n’en suis pas responsable. Que gagnerait le pays à mon départ ? Rien. Il verrait s’ouvrir une ère de troubles misérables et de scandales monstrueux. Ah ! si vous connaissiez ceux qui nous jettent des pierres à présent ! Je les connais, moi, les scélérats, et je n’ai pas l’intention de me faire, de gaîté de cœur, leur bouc émissaire. Donc, si vous pouvez, d’ici deux heures du matin, trouver les éléments d’un cabinet solide, je suis votre homme. J’adresserai immédiatement aux Chambres un message dans lequel je déclarerai que je reste en fonctions ; je constituerai un nouveau ministère ; le général Boulanger aura le portefeuille de la Guerre ; des gens sérieux seront les titulaires des autres portefeuilles. Ce cabinet aura pour première mission de prononcer la dissolution du Parlement et de procéder à des élections générales. Je donnerai la parole au peuple. Maintenant, un point reste à débattre. Il faut, comme président du Conseil, un homme de caractère irréprochable, qui ait la confiance de la population. Qui voyez-vous ? » J’ai proposé Anatole du Foyer, l’intégrité privée, l’impartialité politique en personne ; et, au cas où il n’accepterait point, Klocroy, cher aux Parisiens, surtout comme parent du poète. « Bien, a dit le Président ; revenez avec l’un d’eux et le général. Je vais rédiger mon message ; après avoir conféré avec ces messieurs, je l’enverrai à l’Imprimerie. Je vous attends jusqu’à deux heures. » Et voilà.
— Alors, demande-je, tandis que le Personnage se frotte les mains, nous allons chez Anatole du Foyer ?
— Oui ; un être vide et pompeux, que la dérision du Sort a transformé en symbole vivant de l’Honneur ; une moule ; juste ce qu’il nous faut. Dans quelques semaines, nous aurons enfin un gouvernement fort, un Parlement plein d’hommes intelligents. Et puis, la revision de la Constitution, et puis… La France, mon jeune ami,