toutes ses chances de relèvement réel ; et elle a permis l’établissement d’une république opportuniste qui n’a vécu que de mensonges de toutes sortes. Cette république a appelé à la curée tous les coquins qui crevaient de faim sous l’Empire. Ils ont été, avec leurs amis et leurs petits, s’asseoir à la table du Riche, et se sont gavés. Et ils ont laissé Lazare à la porte, avec son drapeau tricolore autour du ventre pour tenir chauds ses boyaux vides. Comme Lazare aurait pu dérouler son drapeau, pendant une canicule, et compromettre ainsi la sûreté de ses nouveaux maîtres, ceux-ci ont inventé les expéditions coloniales. On a cessé de parler de la trouée des Vosges, mais on a commencé à faire trouer la peau du populo. Les seuls résultats des expéditions coloniales ayant été, pour le pays, des pertes énormes d’hommes et d’argent, sans parler de honteux revers, la patience publique s’est lassée. Les radicaux, qui guettaient depuis longtemps l’occasion, ont jugé que le moment était venu pour eux de s’emparer de l’assiette au beurre. Ils se sont décidés à agir…
— Oui ; et par procuration.
— Comme vous dites. Et cela vous donne leur mesure. Le parti radical est un fantôme de parti. Son programme date de 1869 ; une loque. Son incapacité est désolante. Pour se frayer la voie, c’est un militaire professionnel qu’il va choisir. Il n’y a qu’à ouvrir l’Histoire pour voir que le soldat trahit toujours. Excusez-moi ; c’est la vérité. Un soldat, c’est un homme qu’on soudoye. Qui paye ? Le Riche ! Avec quoi ? Avec l’argent du Pauvre. Donc… Vous me direz que, pour transformer sa misérable république nominale en république réelle, il fallait au peuple français une grande énergie ; et qu’il n’en a pas l’ombre. Vous me direz que, pour arracher les esprits à leur torpeur, il fallait les violents soubresauts d’un pitre, les appels de trompe d’un charlatan. Vous me direz que, telle la grenouille que seul attire hors de sa vase un morceau de