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reusement, il n’en fut rien. Pour excuser jusqu’à un certain point M. Maubart, on peut dire qu’il avait des appétits irréguliers, fort violents ; qu’il était spirituel, gai, et aimait à faire apprécier son esprit et sa gaîté, ainsi, du reste, que ses avantages physiques ; que, s’il brava souvent les lois les plus élémentaires de la morale courante, il fit sans doute de louables efforts pour mettre une certaine réserve dans les manifestations de son tempérament primesautier, trop instinctif. Ces efforts, d’ailleurs, restèrent vains. Nous avons déjà dit quelques mots de la regrettable affaire dont furent cause, à Milan, en 1859, ses relations avec une dame de l’aristocratie italienne ; nous ne reviendrons pas sur ce pénible sujet, et nous ne ferons qu’une allusion fort discrète aux rumeurs — corroborées, hélas ! par des faits significatifs — qui attribuèrent longtemps à M. Maubart une place spéciale dans les affections de Mme  de L.-M., la femme d’un des généraux qui, à l’heure actuelle, sont à la tête de l’armée française. La naissance de son fils, en 1862, n’attacha pas plus sérieusement M. Maubart au foyer conjugal. Bien qu’on ne puisse lui reprocher d’avoir usé d’aucun mauvais traitement à l’égard de sa femme, on peut avancer qu’il la faisait beaucoup souffrir, indirectement. L’incorrigible légèreté de M. Maubart, ses infidélités constantes et trop peu dissimulées, avaient assombri l’esprit de Mme  Maubart, et peut-être même porté atteinte à ses facultés mentales. Cela seul suffirait à expliquer la mort soudaine de cette dame, mort demeurée toujours quelque peu mystérieuse, qui offrit toutes les apparences du suicide, et… »

J’interromps ici la citation, car le second officier a justement écrit, au sujet de la mort de ma mère, quelques lignes qui ne sont point sans intérêt. Les voici :

« La mort de Mme  Maubart, survenue vers la fin de 1869, a été le sujet de bien des discussions, d’ailleurs parfaitement oiseuses. Cette dame s’est donné la mort,