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qu’on est arrivé à doter la France d’une armée comme celle qu’elle a, armée de parade, inférieure même à celle qu’elle avait en 1870, une armée qui n’est pas l’armée nationale, mais l’armée du Vœu national. Oui, c’est parce que le soldat ne veut pas comprendre qu’il doit, sous l’uniforme, rester un homme, qu’il y a à la tête des régiments français des colonels comme le nôtre, M. Casaquin du Bois des Ormes ; un militaire qui n’a jamais vu une bataille, qui s’est embusqué en 1870 derrière un pot à tisane, une non-valeur qui ne doit ses cinq galons qu’à ses relations aristocratiques et à l’activité de sa femme, toujours prête à s’agenouiller devant un crucifix ou devant un curé… Ah ! nom de Dieu ! c’est notre faute à nous, tout ça !…

— À nous, officiers ?

— Non. À nous, protestants. Protestants, vous entendez ? Nous aurions dû protester. C’est le cancer catholique romain qui ronge la France ; nous le savons ; nous aurions dû le dire, le crier sur les toits : nous aurions dû pratiquer l’indispensable opération. Nous aurions dû engager la guerre contre le monstre du catholicisme, le monstre dont la hideuse et noire silhouette se profile sur tous les monuments de sottise, de mensonge et d’infamie que nous appelons nos institutions ; la guerre ; la guerre réelle et sans merci ; pas une guerre de mots. Nous avons manqué de décision, de courage ; nous sommes tombés au plus abject de tous les vices : à la tolérance. Peut-être, un jour, saurons-nous encore être intolérants, et vaincre… Je vais vous dire quelle est ma conviction, ma conviction tout entière : pour que la France vive, il faut que Rome meure. À la lettre. Il faut que le Vatican soit rasé, que le prêtre infâme qui s’appelle le pape soit jeté à la mer, que toutes les églises à confessionnaux soient brûlées et que les tonsurés puissent être abattus, sans forme de procès, comme des bêtes venimeuses. Je crois qu’il faut cela, ni