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Commune, c’est la basilique du Sacré-Cœur, cette église du Vœu National, Vérité catholique enfin sortie de ses puits pour démontrer l’absurdité de ces grossières erreurs humaines qu’on appelle des appétits. Et combien de gens pensent à la création de l’Empire Allemand lorsqu’ils vont à Versailles afin, comme disait Louis Borne, « de voir couler en jets d’eau et en cascades les larmes de leurs ancêtres » ?

L’effort, l’énergie, à quoi bon ?… Je tente de réagir, pourtant. Me rappelant que je vais bientôt avoir à prendre ma place dans un régiment, j’essaye de travailler un peu ; je me sens trop classé, spécialisé dans mon arme ; trop fantassin. Mais tout effort me dégoûte vite. À quoi bon ? N’est-ce pas la règle que l’infanterie ignore tout de l’artillerie, et vice-versa ? Les galons viendront tout seuls. Il n’y a qu’à laisser pleurer le mérinos.

Sur ces entrefaites, je reçois avis que je suis affecté au régiment d’infanterie qui tient garnison à Nantes. Ce régiment vient de perdre, coup sur coup, un sous-lieutenant et un lieutenant. Le sous-lieutenant a été tué involontairement, à une revue, par le général Dufrocard ; le brave général, examinant le revolver de l’officier, a pressé la détente par mégarde ; le revolver, étant chargé, a envoyé deux balles dans la tête du malheureux jeune homme, qui s’est affaissé sur lui-même. On a beau être sous-lieutenant, on n’est pas de bois.

Quant au lieutenant, il n’a pas été tué ; il a tué, ce qui a motivé sa radiation des cadres ; il a tué sa femme, une femme riche qui ne lui donnait pas tout l’argent qu’il demandait, bien qu’il ne l’eût épousée, au su de tous, que pour sa fortune. Comme elle n’était pas morte sur le coup, il a demandé, en bon catholique, qu’on lui administrât les sacrements. Ce n’est pas tout, de tuer sa femme. Il y a la manière.