Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

éprouvées par la France est due exclusivement à l’incapacité et à la félonie des chefs militaires ; et que la seconde partie de ces désastres est due, aussi, à la lâcheté nationale. La France a été conduite au feu par des ignorants ; elle a été trahie ; mais surtout, elle n’a pas voulu se défendre. Devant les faits, la légende doit disparaître. La France qui, après Wörth, place une seconde épée de commandement dans les mains d’un Mac-Mahon ; qui, après que Bazaine a trahi Frossart à Forbach, le garde à la tête de l’armée de Metz ; qui met au pouvoir, après Sedan, les fantoches des Principes républicains ; qui se plaint sans cesse d’être « écrasée sous le nombre » lorsque 500.000 hommes, à Paris, ne peuvent triompher des 200.000 Allemands qui investissent la capitale, et lorsque 100.000 hommes, le 19 janvier 71, sont battus en dépit de l’appui des canons des forts par les 25.000 soldats du 5e Corps d’armée prussien — cette France-là mérite son sort. — Je pense, de plus, qu’elle l’a désiré ; qu’elle a désiré la paix à n’importe quel prix.

Je me souviens d’avoir vu, autrefois, une chromolithographie qui représentait les soudards germaniques obligeant la France à signer la paix. La femme échevelée qui figure la France est entourée de Prussiens ivres, brandissant des coutelas et des torches, qui lui tiennent le poignet et la forcent à signer un papier. Ah ! ce n’est pas ça ! La paix honteuse, celle qui fut ratifiée à Francfort le 10 mai 1871, fut conclue volontairement, en toute connaissance d’infamie.

En fermant les livres qui m’ont appris ce qu’il faut croire, qui m’ont démontré l’inanité du mensonge tricolore, j’ai une crise de dégoût et d’indignation, moi qui vais entrer dans cette armée qui succède à celle de l’Année Terrible — oh ! l’horreur de cette expression — et qui en diffère si peu… Et puis, ça passe… On s’habitue à tout. On oublie tout… Le seul témoignage qui nous reste de la