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La porte du cabinet, violemment tirée, s’ouvre ; et mon père apparaît. Mon père, vêtu d’habits civils, un jonc à pomme d’or à la main.

Il s’avance, prend une chaise, s’assied à côté du bureau et dit froidement :

— Que je ne vous dérange pas, messieurs ! Continuez vos manigances. Où en étiez-vous ?

— Je suppose, dit M. Lévy, très déconcerté tout d’abord mais qui a maintenant repris son aplomb, que c’est à M. le général Maubart que j’ai l’honneur de m’adresser ?

— À lui-même, répond mon père. J’ai pensé que les affaires que vous étiez en train de traiter avec mon fils m’intéressaient, au moins indirectement ; et vous ne trouverez pas mauvais, j’espère, que…

Brusquement, il s’interrompt, tourne le dos à l’usurier et s’adresse à moi.

— Qu’est-ce que tu dois à cet individu ? Combien as-tu reçu de lui ?

— Quinze cents francs, il y a trois mois.

— Ah !… Et ça, c’est du papier pour le renouvellement. Combien te préparais-tu à déclarer devoir, aujourd’hui ?

— Cinq mille francs, dis-je, après avoir hésité un instant.

Mon père éclate de rire, et se retourne vers l’usurier.

— Vous ne vous mouchez pas avec un manche de pelle, vous ! Cinq mille francs pour quinze cents, en trois mois !

— Mon général, dit Lévy résolument, je ne discute pas les chiffres que vient de citer monsieur votre fils. Je vous informe simplement que j’ai là des billets revêtus de sa signature, dont le montant s’élève à 4.000 francs, et qui arrivent à échéance demain. Ils seront donc présentés dans vingt-quatre heures à l’adresse qu’ils portent, la vôtre.

— Présentés est une chose ; payés, une autre.

— Monsieur votre fils, reprend Lévy, ne s’est pas borné