Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même somme à Berlin, en pièces de cent sous. Je n’oublie pas, pour mon compte, que ces pièces d’or et d’argent portent, en exergue, cette légende : Dieu protège la France. Je ne sais pas si c’est la une prière, ou une constatation ; dans le premier cas, c’est inefficace ; dans le second, c’est dérisoire.



Avec ou sans protection divine, la France a payé sa rançon en un tour de main. Elle en est aussi fière que si, au lieu de la débourser, elle l’avait empochée après un tour de Rhin. Voilà le territoire libéré, ou peu s’en faut. L’argent est une belle chose. J’ai eu l’occasion de m’en rendre compte plusieurs fois, récemment. Je ne fais ici aucune référence au procès Bazaine, terminé par la condamnation à mort, temporaire, du traître ; il a été établi que Bazaine n’avait point trahi pour de l’argent, n’avait point touché en écus sonnants le prix de sa félonie ; il avait simplement subordonné les opérations de son armée aux combinaisons de sa politique personnelle. Il n’avait songé qu’à échafauder sa propre grandeur sur la défaite de son pays ; l’argent n’était donc pour rien dans l’affaire, ainsi que le font remarquer justement les nombreux officiers qui cherchent à réhabiliter le maréchal. Je ne fais pas davantage allusion au vote de la Constitution, établie en 1875, à une voix de majorité ; ce n’est qu’à l’Opéra qu’on paie les voix, et plus cher qu’elles ne valent.

Je veux simplement parler du second mariage de mon père, qui s’est effectué dans des conditions que je vais relater sommairement, et telles qu’elles m’ont été rapportées fidèlement par Gédéon Schurke quelques années plus tard.

Mon père était, comme je l’ai dit, à la tête d’un des services du ministère de la guerre ; il était en relations