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IX


Est-il nécessaire de rappeler ici que le maréchal de Mac-Mahon a remplacé Thiers, le 24 mai 1873, à la présidence de la République ? Peut-être, car il ne faut pas oublier que mon père a été, à Wiesbaden, le compagnon de captivité du maréchal : et qu’il est resté, autant que le permettent les différences de grades, son ami. Or, si les amitiés sont jamais de quelque utilité, c’est dans l’armée.

On est en train de la réorganiser, cette armée, sur une base démocratique et égalitaire ; le service militaire est universalisé. Tout citoyen français doit être soldat pendant cinq ans. Il y a bien quelques petites exceptions à cette règle ; le volontariat d’un an, par exemple ; et beaucoup d’autres. Mais ne faut-il pas des exceptions pour confirmer la règle ?

Les lois récentes, naturellement, ont leurs admirateurs ; elles ont aussi, bien entendu, leurs détracteurs. Mon père était de ces derniers. Mais le général de Lahaye-Marmenteau l’a amené à modifier ses opinions ; il lui a fait voir que la création des armées nationales conduisait, comme principal résultat, à la création d’une énorme bureaucratie militaire ; et que, derrière les remparts de paperasses qui deviendront nécessaires, les malins trouveront moyen de s’embusquer dans de lucratives sinécures. Le fait est que