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VIII


Et mon père, qui arrive, un beau matin, sans nous avoir prévenus. Quelle surprise ! Comme il est content de se retrouver enfin dans sa famille, dans sa patrie ! Comme on voit bien que, la famille et la patrie, il n’y a que ça !

— Oui ! s’écrie-t-il après avoir embrassé tout le monde, ma grand’mère, moi, et même Lycopode, oui ! il n’y a que ça ! On peut dire ce qu’on veut, et les pays étrangers peuvent avoir leurs agréments, mais il n’y a encore que la France !

La France, au moins si je me permets d’en juger par ce que je vois autour de moi, semble extrêmement reconnaissante des sentiments d’affection filiale que ses guerriers surent lui conserver dans l’exil. Elle les accueille avec des manifestations de joie enthousiaste, avec une allégresse sans bornes. Honneur au courage malheureux ! Ils ont été vaincus, c’est vrai, mais si la fortune ne les avait point trahis, que n’auraient-ils point fait ? Le sénat romain, après le désastre de Cannes, va recevoir avec honneur ses consuls battus par Annibal. La France sait prouver au monde qu’elle n’a point oublié ses origines latines. Ah ! que n’aurait-ce point été, si nos troupes avaient été victorieuses !