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rien entendre jusqu’à ce que ce soit fini. (Se tordant les mains.) Ah ! j’étouffe ! C’est comme un remords qui m’étrangle. Oui, c’est une faute… un crime… oui, un crime de dénoncer cet homme. Et ce crime, il me semble que c’est nous tous qui l’avons commis. Nous, nous, les prêtres, nous qui devrions être les grands pitoyables… Ah ! ce sang versé stigmatise nos fronts. Si je pouvais effacer cette tache ! Qui rachètera… qui payera la rançon ?…

MONSIEUR BONHOMME.

Ah ! vous voilà dans un état monsieur le curé ! Si j’avais pu prévoir, je n’aurais rien dit, pour sûr… bien que ce soit de l’histoire, ce que j’ai dit, de la vraie histoire. Ce sera dans les journaux vous verrez… Au fond, vous savez, je partage votre opinion sur le fait : c’est une tache sur la soutane — une tache de plus. — Mais que diable voulez-vous ? Comment pourriez-vous expier le crime… le… le… l’acte de votre confrère ? Il faudrait qu’un de ces scélérats vînt vous demander asile, chercher refuge chez vous et vous conviendrez… (On sonne et un grand bruit à la porte.) Ah ! bien, ah ! bien, qu’est-ce que c’est que ça ?

MONSIEUR DE RONCEVILLE.

Le scélérat dont vous parliez sans aucun doute.

MONSIEUR BONHOMME, se levant.

Vous croyez ? Vous… (Reniflant.) Oui, c’en est un, j’en suis sûr. Je les sens ces gredins-là. Quelque chose m’avertit de leur présence. Quelque chose comme la chair de poule. Je ne me sens pas bien. (On entend le clairon.) Je vais profiter de ce que l’armée régulière monte la rue pour rentrer chez moi. Au