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MONSIEUR BONHOMME.

Ah ! quel drôle de spectacle offre Paris. Je comprends que ça puisse paraître horrible, surtout à un prêtre, qui a toujours, naturellement, l’âme un peu sensible. Mais, c’est égal, je ne suis pas fâché d’avoir vu ça, une fois dans ma vie. Voilà deux jours que je vais partout, derrière l’armée régulière. C’est d’un pittoresque ! À chaque pas, on découvre quelque chose d’intéressant. Croiriez-vous que, hier seulement, j’ai compté dix-neuf cadavres d’enfants ?

MONSIEUR DE RONCEVILLE.

Les vise-t-on toujours à la tête ?

MONSIEUR BONHOMME, étonné.

À la tête ? Je ne sais pas… Ah ! non. Un peu partout… Quant aux femelles de messieurs les communards, je ne trouve pas du tout qu’elles ressemblent aux honnêtes femmes, quand elles sont mortes. Leur débraillé est scandaleux. Je sais bien que de leur vivant… mais, c’est égal, il me semble qu’elles pourraient, comme les anciens, se draper pour mourir… Enfin, je me suis bien amusé. Moi qui n’ai pas pu prendre part à la guerre contre l’Allemagne parce que j’ai la vue un peu basse, j’ai eu tout de même l’occasion de me donner l’idée d’un champ de bataille… Ah ! les gredins ! Ce qu’on en a tué ! On ne s’embête pas dans les rues, je vous assure ! et sans les flaques de sang qui obligent à des détours…

MONSIEUR DE RONCEVILLE.

Le plaisir n’est jamais complet.

MONSIEUR BONHOMME.

Malheureusement. Enfin, l’essentiel, c’est qu’ils