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rement tous les ans mon obole pour vos pauvres. (Sur un geste de l’abbé.) Oh ! ne me remerciez pas. Je vous sais incapable d’en faire un mauvais usage. Vous n’êtes pas, vous, un prêtre comme il y en a tant, comme il y en a trop… Enfin, je sais ce que je veux dire…

MONSIEUR DE RONCEVILLE, à part.

Moi, je sais ce que je ferais si j’étais chez moi. Tu l’as voulu, clergé !

L’ABBÉ.

Prenez donc un siège, monsieur Bonhomme.

MONSIEUR BONHOMME, se laissant tomber sur une chaise.

Ce n’est pas de refus. Ouf ! Je suis éreinté. Figurez-vous qu’il y a tant de choses à voir, à droite et à gauche : les exécutions, les convois de prisonniers. On les emmène à Versailles attachés deux par deux, entre deux haies de cavaliers. On les force à jeter leurs képis, à marcher nu-tête, sous le soleil. Vous savez, ceux qui tombent en route, ceux qui ne peuvent pas marcher, on leur brûle la cervelle. Raide comme balle.

L’ABBÉ.

Quelle horreur ! quelle sauvagerie !

MONSIEUR BONHOMME, riant.

On ne peut pourtant pas les considérer comme des prisonniers de guerre. Ce ne sont que des brigands…

MONSIEUR DE RONCEVILLE.

Qui n’ont pas réussi.