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l’armée de l’ordre s’était emparée du quartier, je me suis résolu à revenir dans mes pénates. Je sais que ma maison n’a été ni incendiée ni pillée. Quelle chance ! Vous avouerez que c’était peut-être un peu hardi ; une heure à peine après la défaite des communards, mais, bah ! j’ai toujours été un peu risque-tout. Au bas de la rue, j’ai hésité un moment ; mais j’ai reconnu le bruit des chassepots, je ne m’y trompe pas ; j’ai l’oreille fine. À une lieue, je distinguerais le bruit d’un chassepot de celui d’un fusil à tabatière. C’étaient des feux de peloton d’exécution. Vous savez ? Rrran ! (On entend un feu de peloton.) Comme ça, tenez ! Encore une canaille de communard qui ne pétrolera plus rien… Ah ! ah !… Oui, alors, en passant devant le presbytère, je me suis dit : « Je vais monter voir M. le curé. J’aurai tout au moins de ses nouvelles… »

MONSIEUR DE RONCEVILLE.

Et puis, comme vous demeurez un peu plus haut dans la rue, une petite halte qui coupe l’émotion…

L’ABBÉ.

Monsieur Bonhomme, je vous remercie mille fois…

MONSIEUR BONHOMME.

Oh ! de rien, de rien. Vous savez, moi, je ne suis pas pratiquant. Je ne donne pas, comme on dit… passez-moi l’expression… dans la calotte. Hé ! hé ! J’ai lu mon Voltaire. Mais enfin, un homme est un homme. Ce n’est pas une raison, parce que vous portez une soutane, pour que je ne vous estime pas. Au contraire. J’ai beaucoup d’amitié pour vous. Vous ne m’avez pas vu souvent à l’église, hé ! hé ! Mais, c’est une justice à me rendre, je vous envoie réguliè-