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Ils ont eu raison. Je n’ai pas été assez malin pour trouver ce quart d’heure-là.

À dix heures, on a sonné la soupe. Il a fallu aller s’aligner, se mettre en rangs et défiler un par un devant la cuisine où chacun prend, en passant, une gamelle à moitié vide. À onze heures, le clairon a sonné de nouveau. Encore un alignement, encore un défilé sous un hangar où l’on nous a rangés en cercle : il s’agissait, cette fois-ci, d’une théorie de trois quarts d’heure sur le respect dû aux supérieurs. À midi, nouvelle sonnerie, nouvel alignement. On fait l’appel général. De midi et demie à une heure, les pieds-de-banc passent une revue d’armes dans les tentes. À une heure, le clairon appelle au travail. On s’aligne, on double par quatre et l’on part pour les chantiers dont on revient à cinq heures. À cinq heures et demie, clairon, alignement, défilé devant la cuisine, On a une demi-heure pour manger la soupe. À six heures, le clairon se fait encore entendre. On se dirige cette fois-ci ― toujours après s’être alignés ― vers un grand terrain où s’élèvent des appareils de gymnastique. Une heure et demie de trapèze, de barre fixe et de corde à nœuds ; la dernière demi-heure est consacrée aux sauts de piste. Le clairon sonne, comme la nuit tombe ; c’est la retraite. On rentre au camp, on s’aligne une dernière fois et les chaouchs procèdent à l’appel du soir. On a le droit de dormir jusqu’au lendemain, cinq heures du matin. De dormir, bien entendu ; il est défendu de parler, en effet, après l’appel du soir ― ainsi qu’il est interdit de causer sur les chantiers ― et les chaouchs veillent, en rôdant comme des chiens autour des tentes, à l’observation des règlements.