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habitué à voir rebondir gracieusement sur les flancs élastiques des hirondelles de potence.

— Ah ! ah ! voilà l’homme ! s’écrie le brigadier qui, devant une petite table, donne des instructions à un de ses satellites debout à côté de lui. Asseyez-vous là une minute ; nous allons nous occuper de vous.

J’attends un bon quart d’heure. Le brigadier a fini de faire des recommandations à son subordonné ; il a griffonné pendant cinq minutes et s’est mis ensuite à fouiller dans un tas de ferrailles, derrière la porte. Il ne semble pas s’occuper énormément de moi ; pourtant, il ne m’oublie pas tout à fait, car il me demande en souriant finement ― tout est relatif bien entendu et nous sommes dans la boîte de Pandore :

— Avez-vous l’habitude de dire votre chapelet quelquefois ?

— Mon chapelet ?…

Le brigadier éclate de rire ; les gendarmes encore couchés se tordent dans leurs couvertures et celui qui est déjà levé se tient littéralement les côtes.

Je ne comprends pas très bien, mais ce doit être drôle. Je ne veux pas avoir l’air de faire bande à part de ne pas trouver de sel à une plaisanterie qui peut être bonne, en définitive ; et je me mets à rire comme les autres.

— Ah ! vous riez ? Eh bien ! approchez ici ; donnez-moi vos mains.

— Mes mains !… Les menottes !… Est-ce que vous me prenez pour un filou, par hasard ?

— Donnez-moi vos mains, que je vous dis ! et dépêchez-vous.

— Jamais de la vie !

Je saute en arrière, je m’accule dans un coin ; je n’en sortirai que quand on m’en arrachera. Est-ce que