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hommes de garde qui me reconduisent au camp entre leurs baïonnettes.

J’allais répondre : « Des infamies ! » Mais j’ai réfléchi.

— Ils m’ont dit des bêtises…


J’ai attendu pendant près d’un mois la décision du général. Je savais très bien que je pouvais compter sur un ordre d’envoi bien et dûment signé et paraphé, mais je trouvais le temps long. J’aurais préféré être fixé tout de suite. J’aurais voulu pouvoir avancer le cours du temps pour bannir toute incertitude, et j’aurais voulu en même temps le retarder, car on m’avait donné sur les compagnies de discipline, ― Biribi, ― des renseignements qui, franchement, me faisaient peur.

Un matin, le maréchal des logis chef est venu me lire le rapport : « Par décision de M. le général commandant la division Nord de la Tunisie, le nommé Froissard (Jean), canonnier de 2e classe à la 13e batterie bis détachée au Kef, passera à la 5e Compagnie de Fusiliers de Discipline. »

— Je dois vous prévenir, a-t-il ajouté, que le convoi qui va à Zous-el-Souk, où se trouve le dépôt de la compagnie, part après-demain. On vous désarmera demain.

Le lendemain soir, en effet, on m’appelle au bureau. Je rends mes armes, mes effets de grand équipement et je ne conserve que mon linge et mes chaussures.

— Vous passerez la nuit au corps de garde, me dit le capitaine, qui entre comme j’allais sortir. Comme ça, vous aurez une couverture. Ah ! sacré farceur ! Quelle rage aviez-vous donc de vous faire fourrer de-