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XXXV


Le dernier jour est arrivé !


Il y en a qui chantent ça, en descendant du magasin d’habillement. Moi, je ne chante pas. Je ne porte plus la triste livrée de la Compagnie, pourtant. On vient de me la retirer, en même temps que les fers ― que je gardais depuis dix jours. J’ai un uniforme d’artilleur avec lequel je vais rentrer en France. Nous partons demain, dix ou douze libérables, à la pointe du jour, pour faire les six étapes qui doivent nous mener à Gabès, où nous prendrons le bateau.


Je ne chante pas, non que je sois triste ― au contraire ! ― mais j’ai peur. Je suis comme le marin à qui le sol sur lequel il met le pied, après un long voyage, paraît chancelant. Et puis, une crainte folle m’a saisi, il y a un grand quart d’heure, au moment où je pénétrais dans le magasin d’habillement, sans retirer mon képi.

— Voulez-vous vous découvrir, insolent ! m’a crié le sergent d’habillement d’une voix furieuse.