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ne pas la défendre, cette religion dont les dogmes pourtant me font rire et dont je ferais bon marché si je ne sentais pas, derrière son rituel vieilli et ses doctrines surannées, deux grandes choses pour le triomphe desquelles elle a su trouver des confesseurs qui ont été des précurseurs et des martyrs qui ont été des héros : la vérité et la liberté.

Est-ce que cette fois encore ?… Hélas ! oui, cette fois encore, je me contente de baisser la tête.

Et la morale montait toujours !… Mon oncle a glissé légèrement sur mon enfance : il s’est appesanti sur mon adolescence et m’a reproché de n’avoir jamais eu de prix de thème grec. Il en est maintenant à ma jeunesse. Il ne comprend décidément pas que je n’aie pu arriver à m’entendre avec mes parents et que j’aie déserté le toit paternel. Il veut bien avouer que je n’ai peut-être pas eu tous les torts, au début…

— Mais enfin, que les parents fassent ceci ou cela, les enfants n’ont pas à s’en plaindre…

Pourquoi pas ?

— Les enfants ne doivent jamais s’occuper des affaires des parents…

Même quand elles les regardent directement ?

— Tu devais tout supporter en silence. Les enfants sont faits pour ça. D’ailleurs, lorsqu’il se passait chez toi des choses qui ne te plaisaient point, il y avait un moyen bien simple de ne pas s’en apercevoir. C’était de faire l’aveugle.

L’aveugle ?… Je ne sais pas jouer de la clarinette.

J’ai laissé échapper ça ― tout haut. ― Mon oncle se lève, furieux.

— Comment, malheureux ! tu plaisantes ! tu oses plaisanter avec les choses sérieuses ! Mais tu n’as donc de respect pour rien ? Tu te moques donc de