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— Le major a-t-il constaté votre maladie ?

— Non, mon colonel, mais…

— Asseyez-vous !


On nous fait rentrer dans la salle pendant que le greffier lit l’acte d’accusation.

Le colonel nous interroge, mon camarade et moi. Trois questions à chacun ; celles qu’il a déjà posées à Queslier. Impossible de placer un mot. Brutalement, il nous coupe la parole.

Queslier sera condamné, le malheureux ; c’est certain. Le parti pris est gravé sur toutes ces faces de galonnés qui sont nos supérieurs, ― et qui sont aussi nos juges.


Le commissaire a la parole. Il n’en abuse point. Il se contente de lire les punitions du prévenu qui, affirme-t-il, est un sujet dangereux.

C’est ainsi qu’il soutient une accusation, ce commissaire-là.

Il est vrai qu’il demande le maximum de la peine.

Le défenseur s’avance. C’est un sous-lieutenant de zouaves, tout jeune, qui tremble, devant son colonel, un peu plus fort que la feuille de papier qu’il tient à la main. C’est pourtant difficile. Il la lit, cette feuille de papier, en bredouillant, en mâchant les mots, en avalant des phrases entières. Oh ! la belle plaidoirie ! Et comme la confiance doit descendre dans l’âme d’un inculpé, lorsqu’il voit sa liberté ou sa vie disputée aux membres d’un tribunal par un orateur de cette force !


Tiens ! c’est fini… À propos, quelles sont ses con-