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égoïsme de reclus, j’aurais préféré le garder plus longtemps ― pour pouvoir causer avec lui.

— Je te ferai passer des journaux, m’a-t-il dit en s’en allant. Ça te distraira.

Je l’ai remercié d’avance ― tout en ne comptant guère sur lui.


J’ai eu tort. Un des hommes de corvée qui nous apportent la soupe m’a remis ce soir, de sa part, un paquet de papiers. De vieux journaux de France, un roman-feuilleton et deux numéros d’un journal local, imprimé moitié en arabe, moitié en français.

Voyons le dernier numéro… Tiens : « Conseil de guerre de Tunis. » Ce doit être intéressant.


« Hier, le soldat Passaré, du 4e tirailleurs, ayant lancé son soulier à la tête du commissaire pendant que celui-ci lui lisait le jugement qui le condamnait aux travaux publics, a été, séance tenante, frappé d’une condamnation à mort. »


Quels singuliers magistrats, que ces membres d’un tribunal qui s’érige en juge et en partie, dans sa propre cause ! Quelle drôle de justice, tout de même, que cette justice qui n’a même pas la pudeur de se considérer comme au-dessus des offenses et qui inflige la monstrueuse peine de mort à un malheureux exaspéré !

Poursuivons.


« Avant-hier a eu lieu l’exécution d’un jeune soldat du 175e de ligne. Ce soldat s’était, à la suite d’une simple punition de deux jours de consigne, jeté sur son caporal et l’avait souffleté. Le coupable a été