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ces horreurs ; j’en ai trop de ces ignominies. Je sens que je ne pourrai bientôt plus dégorger goutte à goutte toute la honte qu’on m’a fait boire et plaquer de larges taches, sur le papier blanc, avec toutes les infamies qu’on m’a forcé à commettre…


Il a fallu aller nettoyer les puits, à Bir-Tala. Travail dur, répugnant. On a choisi, pour l’accomplir, une équipe de prisonniers. Nous partons, douze, à huit heures du soir, pour faire, pendant la nuit, l’étape de quarante kilomètres, dans les montagnes où aucun chemin n’est tracé. Nous nous apercevons, en arrivant, le lendemain matin, que l’un de nous manque à l’appel. C’est un jeune soldat, peu habitué à la marche, qui a dû rester en arrière. Nous l’attendons en vain toute la journée et, la nuit venue, nous allumons de grands feux.

— Ce saligaud-là s’est au moins fait pincer par les Arabes, ronchonne l’adjudant qui nous commande. Il n’est guère admissible qu’il soit resté dans la montagne. Enfin, si demain, à dix heures, il n’est pas là, je donnerai la demi-journée à six d’entre vous pour aller à sa recherche.

La nuit et la matinée se passent. Personne.


— Vous allez partir deux par deux, chacun d’un côté. Vous, Froissard, avec l’Amiral, par là ; vous, dans cette direction.

— Mon adjudant, il nous faudrait de l’eau.

On la mesure, l’eau. Celle qu’on pourrait tirer du puits n’est pas buvable, et il reste à peine un petit tonneau sur les quatre que les mulets ont apportés d’Aïn-Halib. La chaleur est accablante, justement.

— Ce ne sera pas trop d’un bidon, dit l’Amiral.