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— … Sergent, je suis…

— Asseyez-vous !


J’empoigne la chaise à deux mains et, à toute volée, je la lance contre le mur. On entend un craquement.

— Vous avez brisé cette chaise, vous payerez ça. Tout se paye, ici. Sergent, donnez une autre chaise au prévenu.

Ah ! non ! Qu’on me donne la question, si l’on veut, mais pas de chaise ! La commodité de la conversation, peut-être ; mais l’incommodité de la défense, pour sûr !

Et, afin que ça finisse plus vite, je m’écrie, sans faire semblant de m’apercevoir que l’horrible meuble est déjà derrière moi :

— Je suis innocent ! Je n’ai insulté personne : la déposition de vos gardes-chiourme est un affreux mensonge !

— Vous payerez tout ça !… Asseyez-vous !

Si l’on veut. Maintenant, ça m’est égal. Le capitaine se tourne vers Queslier.

— Persistez-vous dans vos précédentes déclarations ? Ce que vous avez dit est-il vrai ?

— C’est vrai.

— Sergent Craponi, est-ce vrai ?

— C’est faux.

Oh ! quelle différence d’intonation entre la voix franche de Queslier et la voix fausse du Corse ! Comme l’une a la clarté de la vérité et l’autre l’accent sourd du mensonge !

— Sergent Norvi, est-ce vrai ?

— C’est faux.

— Sergent Balanzi, est-ce vrai ?