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« Froissard est là. Je vais ressortir et lui demander ce qui l’amène ; aussitôt qu’il aura dit cinq ou six mots, je crierai : « Vous m’insultez, misérable ! » Vous sortirez et vous le saisirez solidement. Nous le ferons passer au conseil et vous me servirez de témoins. Sarà divertevole. Comme ça, nous pourrons aller à Tunis. »


— Vous mentez ! s’écrie le capitaine qui, assis devant le pupitre de la salle des rapports, a bondi sur sa chaise.

Queslier étend la main.

— Mon capitaine, je jure que je dis la vérité.

— Prenez garde à ce que vous dites ! Si vous essayez de tromper la justice, de calomnier vos supérieurs, un châtiment épouvantable vous attend ! Réfléchissez à ce que vous allez dire. Jusqu’à présent je n’ai rien entendu. Je vous interrogerai encore dans cinq minutes. Réfléchissez, Queslier, réfléchissez ! Vous voulez sauver un camarade, malheureux ! Savez-vous s’il est digne de votre dévouement, d’abord ? Savez-vous s’il ne va pas faire des aveux, tout à l’heure ? Savez-vous s’il n’en a pas fait déjà ? Ah ! mon pauvre enfant ! Tenez, allez-vous-en ! sortez d’ici ! Profitez d’un moment d’indulgence. J’ai pitié de vous. Je ne suis pas seulement votre capitaine, votre commandant, je suis aussi votre père ; vous retournerez ce soir à votre détachement et j’ignorerai que vous êtes venu ici. Suivez le bon conseil que je vous donne, ne vous compromettez pas davantage, ne persistez pas…

— Mon capitaine, ma place est ici.

— Indiscipliné ! mauvaise tête ! rebelle ! canaille ! Gare à votre peau ! on ne rit pas avec moi ! Vous en-