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XXVI


Je suis plus malheureux que les pierres.


Il s’agrandit de jour en jour, le trou que creuse depuis si longtemps dans mon âme le pic impitoyable de l’ennui.

Ce trou me fait peur, mais je n’ai rien pour le combler. Rien, pas même la haine. Elle disparaît peu à peu, elle aussi, lorsque s’efface le souvenir de l’indignation qui l’avait fait sortir tout armée du cerveau, comme Athénée portant la lance.

Il y a des moments où je ne me sens pas assez misérable, où je voudrais souffrir davantage, où je voudrais être torturé comme je ne l’ai pas encore été. J’ai soif de la douleur, parce que la douleur me donne la rage et que je suis assez fort pour triompher de l’abattement lorsque je suis plein d’amertume et que j’ai trempé dans le fiel la débilité de mon cœur.

Oh ! si l’on pouvait haïr toujours !


Je me suis sondé et éprouvé, et j’ai reconnu ma faiblesse.