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— Allons, encore une fois ! Je vous donnerai trois paquets de gros tabac…


On dit que la reine des garces est morte,
Est morte comme elle a vécu…..


À la fin, il essuie une larme d’attendrissement qui roule au bord de sa paupière rouge.

— C’est tout de même trop cochon… Enfin, moi, je n’aime que ce qui est cochon… Heureusement qu’il n’y a pas de demoiselles ici, n’est-ce pas, toi ?

Et il regarde son ordonnance qui est venu lui nouer un foulard autour du cou pour l’empêcher d’attraper un rhume…


Après les chansons, on fait de longs récits, ― des récits pornographiques. Ils se prolongent souvent très avant dans la nuit, ces contes sales, bien après l’heure du coucher, après l’heure de l’appel du soir qu’on ne sonne pas, le plus souvent. Et, au milieu de l’obscurité grandissante, dans la nuit que percent les feux des prunelles enflammées, on voit de temps en temps se lever des hommes qui se prétendent fatigués, qui se retirent dans leurs marabouts, qui sortent du camp, par couples, l’un suivant l’autre rapidement, sous des prétextes quelconques. On les blaguait, tout d’abord ; maintenant, on ne les blague plus. C’est tout au plus si l’on se pousse du coude quand on les voit partir. Le mépris a fait place à l’envie.


— Pourquoi que tu ne te fais pas une gigolette ! m’a demandé l’autre jour le Crocodile, qui en est. Dame ! je sais bien, c’est un peu… Enfin, quoi ? ce n’est pas de notre faute si nous n’avons pas de grives et si nous sommes forcés de prendre des merles…