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Le fait brutal est là, pourtant. Il y a eu rébellion. Depuis le matin, le camp entier refuse d’obéir aux ordres donnés par les chefs. On a poussé des cris d’indignation, on a proféré des menaces. Il est temps de mettre un terme à cette situation fausse. Se soumettre sans rien dire ? Ils sont là une douzaine qui ne le voudraient pas ; et puis, ce serait avouer implicitement qu’on a eu tort. Se plaindre ? Oui, mais à qui ?

— Au général, parbleu ! s’écrie Queslier, comme je le disais pendant la route !

Je saute sur cette idée. Je sais d’avance à quoi m’en tenir sur les résultats de la visite que nous allons faire au commandant du cercle. Je ne me fais pas d’illusion sur la portée des réclamations que nous pourrons lui adresser et qu’il sera à peu près forcé de prendre, pour la forme, en considération. Seulement, le projet de Queslier a un bon côté. Le général sera obligé d’admettre, si nous poussons jusqu’à lui, que le camp d’El-Ksob a agi de bonne foi et ne s’est révolté que sous l’influence de l’indignation. Rester là, ce serait risquer de se voir accuser d’avoir tout simplement obéi à des chefs de complot dont le plan a avorté et dont on demanderait les noms, ― qui seraient livrés, indubitablement. Et puis, qui sait ? c’est peut-être un brave homme, ce général ? Il est capable de forcer Mafeugnat et ses acolytes à changer de corps ; il est capable de les faire passer au conseil de guerre… Il est capable… De quoi n’est-il pas capable ?


— Parbleu ! s’écrient les hommes qui m’entourent et, auxquels je viens d’exposer ces dernières idées ; allons, en route tout de suite.