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qu’un autre, car moi, je n’aurai pas peur de raconter au capitaine comment les choses se sont passées…

— Ce n’est pas au capitaine qu’il faut aller porter plainte, s’écrie Queslier. Le capitaine ! Ah ! il s’en fiche pas mal ! C’est le général qu’il faudrait aller trouver, à Boufsa ! Et nous verrions bien s’il ne nous accorderait pas justice.

Je suis assez de cet avis, bien que je ne compte guère sur la justice du général ― précisément parce qu’il est général.

— Le plus simple, ça serait encore de descendre toute la racaille à coups de flingot, insinue Hominard en fixant le cabot qui, tout pâle, flageole sur ses jambes.

— C’est peut-être en bonne voie d’exécution, ce système-là, répond l’Amiral. Vous savez, après ce qui s’est passé ce matin, ça ne m’étonnerait pas qu’on ait déjà fait du bœuf à la mode avec la viande des pieds-de-banc… Tiens ! Eh bien ! où est-il passé mon Corsico ?… Ohé ! Craponi ! Fripouilli ! Macaroni !…

Le caporal, tremblant, s’approche de l’Amiral.

— Le sergent est parti depuis quelque temps déjà. Comme vous ne pouvez pas remonter sans escorte à Aïn-Halib, je vais vous accompagner. Les hommes iront bien tout seuls jusqu’à El-Ksob.

— C’est ça, dit Queslier, débarrasse-nous de toi. Il n’aurait qu’à nous prendre envie de te casser les pattes en route…

Mais Hominard se récrie.

— De quoi ? de quoi ? Monsieur a le flub ? Monsieur veut se trotter ? Ah ! mais non, par exemple ! Pas de ça ! On nous a donné un cabot pour nous conduire et je veux mon cabot. Un cabot comme ça, qui m’a menacé de me ficher dedans parce que je marchais trop