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— Ça n’empêche pas que ceux-là, on les soigne, dit en riant d’un gros rire mon camarade de lit, un Bourguignon, bon garçon, pas très malin, nommé Chaumiette. Il n’y a pas de danger qu’on leur fasse faire des corvées de bois comme celle que nous allons faire… Tiens, entends-tu le clairon ?

Il s’agit, en effet, d’aller chercher du bois dans la montagne pour chauffer une fournée de chaux que le capitaine a fait préparer. On a établi, au milieu du camp, une grande balance où chacun, en arrivant, doit venir peser ses fagots et en faire constater le poids. Quand ce poids n’est pas atteint, il faut retourner chercher le complément.

— Viens avec moi, me dit Chaumiette. Je connais un coin où il y a beaucoup de bois. Nous trouverons de quoi faire notre charge. C’est le petit Lucas, tu sais, celui qui couche dans le marabout à côté du nôtre, qui m’a montré la place. Il va venir avec nous.

Le petit Lucas arrive.

— Vous savez, il ne faut rien en dire à personne… Juste dans cet endroit-là, il y a un vieux puits abandonné, très profond et, dedans, deux ou trois nids de pigeons. Les petits doivent commencer à être gros. S’ils sont bons à manger, j’irai les dénicher, nous les ferons cuire dans un ravin et nous boulotterons ça ce soir.


Au bout d’une heure de marche dans la montagne, nous sommes arrivés au fameux endroit : une petite vallée pierreuse au bout de laquelle poussent quelques buissons d’épines.

— Tenez, voyez-vous, dit Lucas, le puits est derrière les buissons.