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IX


Le train nous a débarqués à Tunis et nous avons traversé la ville, escortés par les poveri disgraziati ! des Italiens et les : Pauvres malheureux ! des Français, pour aller camper auprès de la caserne d’artillerie.

Le lendemain matin, nous nous sommes mis en marche pour La Goulette. Il pleuvait. Le sol gras était détrempé et l’on n’avançait qu’avec une peine extrême. Malgré les pauses fréquentes, les traînards devenaient de plus en plus nombreux et, toutes les cinq minutes, un homme tombait qu’il fallait débarrasser de son sac ou hisser sur les mulets qui nous suivaient. Le capitaine galopait d’un bout à l’autre de la colonne, criant, tempêtant, exhortant, sans pouvoir venir à bout de la fatigue des uns et de la mauvaise volonté des autres, anciens disciplinaires, blasés sur les menaces et les mauvais traitements, se fichant du tiers comme du quart, et faisant exprès de ne pas avancer pour ne pas laisser en arrière leurs camarades malades. Les plus jeunes seuls, les derniers