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— Mon lieutenant, regardez donc là-bas !

C’est un homme qui parle au lieutenant Dusaule, en étendant le bras du côté du gymnase.

On a entendu ; tout le monde tourne les yeux dans cette direction. Sous le portique, tout contre le gros poteau de gauche, un corps se balance, noir, au bout d’une corde. Le lieutenant part en courant, grimpe à la corde à nœuds, palpe le pendu et revient en hochant la tête.

— Mort ? lui demande de loin le capitaine. C’est Loupat, n’est-ce pas ?

Le lieutenant fait signe que oui.

— Il est déjà tout froid.

— Le misérable ! s’écrie le capitaine. Attenter à ses jours ! Allez donc prêcher les bons sentiments à des gens pareils ! Rien ne les arrête, ni la religion, ni le souvenir de leur famille, rien, rien ! Enfin, il s’est fait justice lui-même… Par le flanc droit !… marche !..

Le capitaine est à cheval. Il jette, en passant devant le gymnase, un coup d’œil sur le cadavre. Il murmure :

— Il n’y a pas à dire, nous ne pouvons pas nous occuper de ça. Nous sommes déjà en retard. Le train n’attend pas. Il faudra que je pense à faire faire les écritures indispensables…

Puis, il se penche vers le sous-officier qui, la veille, s’est aperçu de la disparition des deux cartouches :

— Un mauvais soldat, ce Loupat, n’est-ce pas ?… Était-il fort en gymnastique ?

— Non, mon capitaine, il ne savait absolument rien faire. Il pouvait à peine se tenir au trapèze. Tous les jours, je le privais de vin pour ça ; rien n’y faisait.

— Voyez-vous ça ! et il trouve moyen, pour se pendre, de monter tout en haut de ce portique, d’at-