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vous montrerai comment je traite les communards. Vous voyez ces quatre galons-là ? Eh bien ! je n’en avais que trois avant la Commune ; le quatrième, on me l’a donné pour en avoir étripé quelques douzaines, de ces salauds !… Allez, crapule ! »

Vingt-quatre heures après, Queslier avait quinze jours de prison pour avoir manqué à l’appel du soir. En réalité, il s’était trouvé en retard de deux minutes à peine. Il écrivit une lettre de réclamation au général commandant le corps d’occupation. Le commandant, ayant eu connaissance du fait, écrivit de son côté au général pour protester contre les calomnies enfermées dans la missive expédiée par un de ses soldats. Le général, édifié par les notes que le commandant avait jointes à sa lettre, considérant en outre que Queslier s’était servi d’encre violette pour correspondre avec lui, lui octroya généreusement soixante jours de prison.

Queslier fit sans murmurer ces soixante jours. Au bout des deux mois, comme il allait sortir, le commandant eut l’idée de visiter les locaux disciplinaires. Il examina minutieusement les murs et finit par découvrir sur l’un d’eux l’inscription qu’il cherchait sans doute. On avait écrit sur la muraille : « Vive la Révolution sociale ! » Queslier protesta de son innocence. Néanmoins, il fut maintenu en prison jusqu’à nouvel ordre, passa au conseil de corps huit jours après et fut presque aussitôt dirigé sur la 5e compagnie de discipline.

— Hein ? Qu’est-ce que tu en dis ? me demande Queslier. Est-ce assez canaille ? Est-ce assez jésuite ? Tu vois, maintenant, je n’ai pas d’intérêt à dissimuler, n’est-ce pas ? Eh bien ! je te jure que ce n’est pas moi qui avais écrit sur le mur.