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par nos soins, dès que les communications seront rétablies.

MADAME BARBIER.

Avec ce sauf-conduit qu’on nous a procuré pour toi, nous allons te remettre un peu d’argent…

CATHERINE, à travers ses larmes…

J’en ai pas besoin… J’ai des économies…

BARBIER, bas à sa femme.

N’insiste pas. Tu la froisserais.

CATHERINE.

Du moment que je suis un danger pour vous, j’ai qu’à m’en aller… Je ne vous en veux pas… Je comprends ça… je comprends ça… (Elle ôte son bonnet de nuit.)

BARBIER.

Tu es une brave fille… Tu vas retourner chez toi, n’est-ce pas ? Tu traverseras les lignes prussiennes. Laisse-moi t’adresser une prière. Il faut me promettre de te conserver pour nous, de ne pas commettre d’imprudences, surtout dans ces parages où nous sommes connus, où tu pourrais nous faire un tort extrême, sinon mettre nos jours en péril. Tant que tu ne seras pas loin, bien loin d’ici, ta destinée est, pour ainsi dire, liée à la nôtre. Nous espérons que tu ne l’oublieras pas… que tu puiseras dans cette idée la force de contenir tes sentiments comme je contiens les miens.

CATHERINE, dont les sanglots redoublent.

J’ai… jamais… fait… de tort… à personne !…