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BARBIER.

Alors, tu préfères qu’on nous dénonce ? Permets-moi de trouver que tu disposes bien légèrement de deux existences… Catherine ne nous est de rien, somme toute. Nous lui avons toujours payé régulièrement ses gages ; elle nous doit vingt-cinq ans de tranquillité… Elle a été malade, elle aussi… Rarement, c’est vrai… A-t-elle jamais manqué de soins ? Nous sommes quittes.

MADAME BARBIER.

C’est une mauvaise action… On a donné aux paroles prononcées par Catherine une portée qu’elles n’ont pas… mon cœur me le dit.

BARBIER.

Parce que, comme toutes les femmes, tu fourres le sentiment où il n’a que faire. Mais je veux bien abonder dans tes scrupules. On a exagéré. Bien. Le feu couve, il n’est pas éteint. Suppose que ces soldats… privés de tout, de tout, depuis longtemps, aient la fantaisie de prendre… avec Catherine… certaines privautés… ah ! tu n’avais pas songé à cela… Voilà le feu ranimé… Un malheur, vois-tu, est trop vite arrivé pour que des mesures préventives ne constituent pas un devoir.

MADAME BARBIER.

Je suis, en tout cas, sans courage, pour lui annoncer ta résolution.

BARBIER.

Je m’en charge. Je n’ai pas l’intention de passer deux nuits comme celle-ci.