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piers s’y habitueraient facilement, voyez-vous ; ça leur serait très utile. En cas de besoin, ils pourraient se déchausser et continuer l’étape pieds nus. Ce n’est qu’une habitude à prendre : voyez les Arabes, les sauvages…

— Évidemment, évidemment, fait ma sœur. Mais je pense encore à votre première idée. Il serait peut-être encore temps de la mettre à exécution.

— Peut-être bien, répond M. Pion en tirant sa moustache.

Moi, je ne crois pas. La guerre bat son plein. C’est, depuis quelques jours, une véritable avalanche de nouvelles : des bonnes nouvelles, pour la plupart. Le roi Guillaume est devenu subitement fou. Il vient d’être reconduit à Berlin par deux officiers généraux. Sa folie a un caractère furieux : c’est le désastre de Jaumont qui en a provoqué la manifestation. Et puis, nous avons encore vaincu les Prussiens en différentes rencontres. Le Figaro annonce que nous avons remporté une grande victoire ― chèrement achetée, il est vrai ― à Grandpré.

Mais, justement, des personnes qui ont des