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gistre on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs.

Et il ajoute :

― Cette dépêche du chef de l’État est modeste. Elle l’est même beaucoup trop. Elle ferait croire à une simple escarmouche ; et c’est une grande victoire que nous avons remportée, une grande victoire !

Le soir, on a illuminé et on a pavoisé la ville. Je voudrais bien être à demain. Qu’est-ce que vont dire les journaux ?


Ils disent que la revanche de 1814 et 1815 a commencé, que la division Frossard a culbuté trois divisions prussiennes, que nos mitrailleuses ont impitoyablement fauché l’ennemi, et que l’empereur est rentré triomphant à Metz.

Il paraît que Sa Majesté semblait rajeunie de vingt ans. Le prince impérial était très crâne. Son œil bleu lançait des éclairs. Des milliers de soldats l’escortaient en lui jetant des fleurs.

On a bombardé et brûlé Saarbruck, aussi. Tant mieux. Ça apprendra aux Prussiens à démolir le pont de Kehl, les vandales.

Saarbruck ne redeviendra jamais plus allemand. C’est un journal qui l’affirme ; et il